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Le dimanche idéal d’Oliviero Toscani (lesechos.fr / 18.12.2015)

Postato il 02.01.2016 da write@toscani.com Commenti Commenti disabilitati su Le dimanche idéal d’Oliviero Toscani (lesechos.fr / 18.12.2015)

Pour ses 50 ans de carrière, l’ex-photographe fétiche de Benetton, publie « More Than 50 Years of Magnificent Failures », qui retrace un demi-siècle de campagnes provocantes. Il prépare une exposition de ses photos à La Hune.

 

LE DIMANCHE, POUR VOUS, C’EST TOSCANE OU PARIS ?

A vrai dire, pour moi, le dimanche est un jour comme les autres. Cela ne change rien. Je ne vais pas à la messe. Certes, on est un peu plus détendu le dimanche et le smartphone sonne moins, mais je ne le vois pas comme un jour de repos. En réalité, je ne suis pas un homme d’habitudes. En Toscane, je reste chez moi mais je travaille, car je m’occupe de mes chevaux et de mes vignes. A Paris, je vis dans le XIVe arrondissement, avenue Jean Moulin. J’ai un atelier d’artiste ici depuis cinquante ans. Paris est « ma » ville. Toutes les campagnes Benetton, je les ai faites ici. J’ai l’impression qu’il y a plus de diversité ethnique ici qu’à New York. C’est la chance de Paris : cela génère de l’énergie et du courage, des drames et des problèmes.

MARCHÉ OU EXPO ?

J’aime aller sur l’île de la Cité voir le marché aux fleurs et aux oiseaux. Je suis un grand amateur de marchés et un collectionneur de couteaux à cran d’arrêt, particulièrement les Laguiole. Je ne cuisine pas, mais j’aime la bonne chère. Présenter mon vin en France semble très présomptueux, mais j’aime l’idée. Je ne connais pas le concept de temps libre. Je viens à Paris comme le paysan vient à la capitale : pour travailler, pour produire.

VOTRE VILLE ITALIENNE PRÉFÉRÉE ?

Entre Rome et Milan, je choisis sans hésiter la deuxième. Je suis un Milanais pur-sang, mais je n’y ai plus de maison. C’est une ville très intéressante, si l’on oublie la Ligue du Nord et la politique. Silvio Berlusconi a un peu ruiné l’atmosphère en termes de sens moral et de modernité. Il nous a fait perdre beaucoup de temps. Cela dit, il a été le dernier vrai entrepreneur italien. C’est aussi à cause de la gauche italienne qu’il est devenu si conservateur.

VOUS ALLEZ VOIR LE DERNIER FILM DE NANNI MORETTI À PARIS ?

Je ne vais plus au cinéma depuis des années. C’est toujours la même histoire. Le théâtre m’intéresserait plus si cela ne m’ennuyait pas un peu aussi. La dernière fois que j’y suis allé, c’était au Piccolo Teatro de Milan pour un spectacle sur Galilée, il y a deux ans. En fait, le dimanche, je dévore surtout les quotidiens. Je lis le Financial Times,Le Monde, qui me semble souvent présomptueux, mais aussi les journaux de droite pour voir si j’ai vraiment raison (d’être radical, NDLR). Je suis un vrai papivore. Mon rêve serait de prendre la direction du Corriere della Sera, où mon père fut le premier photoreporter. Je pense que la presse écrite ne disparaîtra jamais grâce à la sensualité du papier.

POURQUOI VOTRE LIVRE S’INTITULE-T-IL, EN ANGLAIS, « PLUS DE 50 ANS DE MAGNIFIQUES ÉCHECS » ?

Les grandes choses sont souvent des échecs : le communisme, Che Guevara, James Dean, Mozart, Goya… Quand on regarde en arrière, on se rend compte qu’on aurait pu faire mieux. En mars 2016, je démarre à Paris un projet sur les photos de couples. Je veux démontrer qu’on peut faire l’impossible en photographie : réunir des ennemis et former des « couples extrêmes ». Je voudrais « marier » par exemple Daniel Cohn-Bendit avec Marine Le Pen. Lui le ferait sans doute car il est intelligent, elle, je ne sais pas. Nous publierons ces photos de couples dans Paris Match et Elle. Au Guatemala, j’ai fait 300 portraits pour rapprocher des tribus mayas antagonistes.

« Plus de 50 ans de provocation » (traduction française), d’Oliviero Toscani, Editions Marabout. Exposition du 24 janvier au 1er avril à la librairie-galerie La Hune avec YellowKorner, 16 rue de l’Abbaye, Paris VIe.

Source:  lesechos.fr

02.01.2016

 

Categorie: articles in French